Ce soir sera notre dernière nuit ensemble…

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Je t’ai rencontrée il y a 16 ans et ce fut un coup de foudre fulgurant. Tu n’avais pourtant rien d’autre à offrir à l’époque que ta beauté nue et tes horizons infinis accrochés au-dessus du vide. Ni eau, ni électricité, et les toilettes étaient un peu loin au bout du chemin. Mais la vue y était imprenable…

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Je t’ai apportée ce que j’ai pu : de nombreux ami(e)s parmi lesquels un certain nombre de chats sauvages, mes maladroites convictions d’écolo (le solaire thermique, le photovoltaïque, et Arthur, le poêle de masse). Par contre, mes tentatives de jardinage n’ont jamais créé qu’un indescriptible fouillis végétal, d’où émergent cependant chaque année quelques roses magnifiques et à la vie dure (comme les femmes que j’aime).

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Tu n’es qu’une simple maison, et je t’écris pourtant comme à un être aimé, aux côtés duquel on a parcouru un long bout de chemin amoureux. Mais « simple maison » ne te convient pas, et est même bêtement injuste : tu étais et tu es une ancienne chapelle de montagne, un de ces lieux où l’esprit étanche chaque jour qui passe sa soif de beauté et de sens.
Pourtant, je te quitte. C’est que la vie, ma vie, tourne. Tu auras été pour moi ma première maison. Celle qui m’a donné ici des racines, celle qui m’a attaché à jamais à la beauté de cette vallée du bout des Alpes qu’est le Val d’Entraunes.

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Ma prochaine maison sera plus grande, plus généreuse, plus ouverte encore sur le ciel et sur les autres. N’aies pas peur ! Je ne suis pas devenu mégalo et elle ne s’appellera pas la Cathédrale comme toi la Chapelle. Simplement, je ne veux pas vieillir seul, mais entouré de mélèzes et de tous mes amis.


Merci à toi, petite chapelle, pour tout ce que tu m’as donné en partage…

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Des montagnes qui n’ont pas la mémoire courte

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Ce matin, je suis parti randonner de très bonne heure avec pour objectif le col de Crous. C’est un passage traditionnel entre la vallée de la Tinée et le Val d’Entraunes, mais il est aujourd’hui très peu fréquenté, même des randonneurs.

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Au col, un petit monument commémore ceux qui de 1934 à 1939 ont construit les ouvrages de la ligne Maginot des Alpes. Les hommes du 7éme Régiment du Génie, parmi lesquels j’eus la surprise de trouver un nom à consonance espagnole (le même que le mien, Perez). Mais aussi ceux du 27ème Régiment de Tirailleurs Algériens, qui ont travaillé pendant plusieurs étés sur ces chantiers d’altitude, et dont l’un, dénommé Halfaoui, y laissa la vie…

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Plus que jamais, n’ayons pas la mémoire courte….

Petite balade entre ami(e)s

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Hier, ce fut une belle journée. Nous nous étions programmés entre ami(e)s une grandiose randonnée sur les cimes de chez nous (il n’en manque pas).
Hélas, dès le départ, tout est parti en vrille. Le rendez-vous à 6h du matin fut entendu par d’autres comme étant fixé une heure plus tard (et il n’y a même pas un bar ouvert dans Guillaumes pour attendre patiemment les lève-tard).

Ensuite, le ciel, pourtant promis paradisiaque la veille par Météo-France, s’assombrit lentement, prenant une touche bretonne de mauvais augure. En montagnard(e)s expérimenté(e)s, nous décidâmes donc de renoncer à nos ambitions himalayennes et de nous rabattre sur une petite balade pépère dans les gorges du Cians (nous ne sommes pas chauvins : y’a pas que les gorges de Daluis dans le monde, même si ce sont sans conteste les plus belles).

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Ce fut une jolie petite mise en jambes entre alpages et forêts égayée de quelques gouttes (autrement dit, le grand mauvais temps) et même – oh, surprise ! – de la rencontre imprévue d’un autre bipède à sac à dos. Tout ceci s’acheva dans un parterre bucolique de fraises des bois. Alors, le bonheur, me direz-vous ? Sauf qu’il était onze heures du matin et que personne ne savait vraiment comment occuper le reste de la journée…
Du brainstorming communautaire qui suivit émergea alors une idée géniale : puisqu’il ne pleuvait plus, pourquoi ne ferions-nous pas une autre randonnée ? Aussitôt dit, aussitôt fait. Au prix d’un court transfert en voiture au bilan carbone soigneusement limité, nous attaquâmes vaillamment, à midi pétante, notre seconde balade de la journée (vous avez d’ores et déjà compris, à cet instant du récit, que mes copines de la vallée ne sont pas vraiment des tendres : la montagne, çà vous gagne, comme disait l’autre…).

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Evidemment, pas question de pique-niquer avant d’avoir ingurgité la montée (en hypo-glycémie totale). Ensuite, farniente à même le rocher, histoire de multiplier vos courbatures et vos souvenirs du lendemain. Enfin, suite et fin de la rando en pleine canicule, car, entre-temps, histoire de ne pas humilier davantage nos services météo, le soleil avait bien sûr fait sa réapparition.

Hier, ce fut donc une belle journée de rando entre ami(e)s. Mais, allez savoir pourquoi, y’a des jours où je rêve de ne pas avoir tant d’amies et de vivre au bord de la mer…

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