C’est un vallon, ou plutôt un cirque de montagnes resté secret, blotti en face Nord, recroquevillé dans l’ombre des Aiguilles de Pelens. Son accès, sans être difficile, n’est pas très évident pour autant. Il faut d’abord remonter de petits vallons incertains à travers une dense forêt de mélèzes. Et c’est seulement lorsqu’on se croit un peu perdu que l’on débouche au-dessus des arbres et que l’on découvre enfin l’entrée de ce paradis sauvage.
Deux itinéraires différents s’offrent alors au randonneur ou au skieur. Le plus court et le plus facile remonte, sur la droite, les belles pentes régulières qui s’achèvent sur le fil d’une longue crête, le Serre du Bois Vert. L’autre poursuit dans le vallon, et doit surmonter un ressaut plus raide, ultime défense opposée à l’entrée des intrus au coeur de ce cirque glacial et isolé qu’est le Clot de l’Aï. Dans la vallée, il est peu de lieux aussi contrastés, opposant la douceur paisible des vallonnements de son fond à la sensation d’oppression et d’isolement que suscitent les murailles rocheuses et les pentes raides qui l’enferment de toutes parts.
S’en échapper ensuite n’est d’ailleurs pas si facile. Il faut remonter des pentes soutenues pour rejoindre une crête sur la droite. Mais on atteint alors un point de vue aussi grandiose que sur les lèvres d’une caldera. D’un côté, l’ombre glacée des Aiguilles de Pelens se refermant sur le cirque secret du Clot de l’Aï, et de l’autre le Col des Champs et tout le Val d’Entraunes baignant en pleine lumière.
Autant l’itinéraire de montée se faufile donc discrètement dans l’ombre, autant la descente se fait donc au grand jour. Elle rejoint par une pente raide cette longue crête du Serre du Bois Vert évoquée précédemment, puis suit scrupuleusement le fil de celle-ci. C’est un cheminement facile, mais l’un des plus aériens et lumineux que je connaisse dans la vallée. Il fait de cette descente comme une marche en lévitation le long d’une rampe qui s’inclinerait progressivement vers le fond de la vallée. C’est ainsi, en douceur et en lumière, qu’il faut bien un jour reprendre pied sur terre…
Un grand merci particulier pour le partage de cet itinéraire le 21 Février avec Béatrice Risacher, celle qui, bien davantage que “mon ex”, est la mère de trois de mes enfants et surtout une amie chère.