HIGHWAY 2202 (Avril 2016)

A côté de la Highway 66, de la Carretera Austral, ou de la Dempster Road, il est des routes tout aussi mythiques, bien qu’un peu moins célèbres. C’est ainsi que ce Dimanche, je me suis embarqué à vélo sur la fameuse Highway 2202, celle qui traverse la République Libre du Val d’Entraunes, ce minuscule pays qui vient au second rang mondial pour le Bonheur Intérieur Brut (juste après le Bhoutan, dont les tickets d’entrée sont cependant – il faut le noter – infiniment plus élevés).

Les photos qui suivent suffisent à illustrer ce qui a rendu cette route 2202 aussi légendaire : ponts emportés (et donc traversée à gué du Var), tunnels écroulés (et donc vertigineux passage en corniche).

A noter que ce week-end, elle n’était néanmoins coupée par aucun glissement de terrain, mais seulement, bien plus banalement, par les 5 mètres de neige qui subsistent encore au Col de la Cayolle. Ce fut pour moi un heureux hasard, qui justifia d’interrompre mon irrésistible ascension au niveau du dernier village, à Esteng.

Celà tombait on ne peut mieux car j’étais complètement fatigué. Mais content, car celà faisait justement longtemps que le Desteng ne m’avait pas envoyé de message aussi limpide. Je pus même, sur place, observer à loisir les curieuses coutumes des populations locales, comme l’habitude de laisser sur le pas de porte des oeufs frais en libre service. Si seulement les Niçois avaient la même idée (au moins les jours de manifs)….

La maison de mes pères (Jorn Riel)

C’est le livre parfait à lire (ou relire) en période de confinement : il enferme en effet cinq hommes, une femme et un gosse dans une minuscule et misérable cabane, perdue au milieu de nulle part dans un pays si peu civilisé que même les ours poussent la porte sans frapper. De plus, la consommation de boissons fortes et vigoureusement remontantes y est tout au long du livre aussi élevée qu’actuellement dans nos maisons pour traverser cette passe difficile.

C’est le livre parfait à lire (ou relire) en période de dé-confinement : il se passe en effet au milieu des immensités glacées du Grand Nord, ce qui ouvre à nos imaginations trop longtemps bridées des champs illimités de fantasmes aventureux, libertaires, voire érotiques.

Enfin c’est le livre parfait à lire (ou relire) simplement :

  • parce qu’il est profondément drôle et vous fait éclater de rire au détour d’une page,
  • parce qu’il est très profondément humain et touchant, et qu’il vous arrache une larme au détour d’une autre,
  • parce qu’il est profondément macho (et que je suis un sinistre mâle) et qu’il ne faut pas le mettre dans les mains de vos copines, toutes féministes, sauf à vouloir les transformer en ennemies héréditaires,
  • parce qu’il est un éloge de la vie aussi gouteux que toutes les recettes exotiques qui y sont évoquées (et  qui vous transformeraient en un petit tonneau grassouillet si vous pouviez les déguster tout en lisant.)
  • Parce qu’il prouve que des petites communautés coupées du monde, mais pétries d’amour et d’affection, (même si l’on s’y pille et s’y bagarre sans vergogne), sont mille fois plus solides et heureuses que nos individualismes bourrés de modernité et pétris de culpabilité.

En bref, c’est gouleyant, remontant, chaleureux et réconciliateur : que demande le peuple ? Laissez vous contaminer …